Le cyberharcèlement est un fléau moderne, amplifié par l’omniprésence d’internet dans nos vies. Il devient une réalité particulièrement tangible pour les jeunes, dont la vie sociale est souvent étroitement liée aux réseaux sociaux. Aujourd’hui, les agressions verbales et les actes de harcèlement ne se limitent plus aux interactions en personne, mais s’étendent jusqu’à l’intimité par le biais du numérique, créant une pression psychologique intense et difficile à échapper.
Cette réalité a été récemment illustrée par le cas médiatique de Thomas Jolly, directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques de Paris 2024, qui a fait face à une vague de cyberharcèlement suite à sa mise en scène de la cérémonie d’ouverture. Il a ainsi reçu une avalanche de messages haineux et discriminatoires en ligne, révélant encore une fois le pouvoir destructeur de ces campagnes de haine sur internet.
Ce cas souligne l’importance de reconnaître les signes du cyberharcèlement et de savoir comment s’en prémunir. En cette journée de lutte contre le harcèlement scolaire, nous vous aiderons à comprendre comment identifier le cyberharcèlement et quelles actions concrètes entreprendre pour se protéger face à ce danger omniprésent.
Qu’est-ce que le cyberharcèlement ?
Le cyberharcèlement désigne les actes de harcèlement réalisés via des outils numériques, notamment sur les réseaux sociaux, les forums, les messageries et les plateformes de jeux en ligne. Ce harcèlement peut inclure des messages de menace, des insultes, des moqueries répétées ou la diffusion d’informations personnelles et confidentielles.
Selon la loi, le cyberharcèlement constitue une infraction punissable qui repose sur la répétition de comportements malveillants, créant un climat intimidant, humiliant ou hostile pour la victime. En d’autres termes, une publication ou un message isolé ne constitue pas un cyberharcèlement, mais la réitération de comportements nuisibles, si. Ce type de harcèlement est particulièrement destructeur, car il poursuit la victime dans son espace privé et son intimité.
Reconnaître le cyberharcèlement
Il peut être difficile de reconnaître le cyberharcèlement, car il peut prendre de nombreuses formes et passer par divers canaux numériques. Voici quelques exemples de comportements caractéristiques :
- Intimidations et menaces répétées
- Insultes et moqueries persistantes
- Répandage de rumeurs
- Publication de contenus dégradants
Pour qu’il y ait cyberharcèlement, il est important que les faits soient répétés et que cela entraîne une dégradation de la qualité de vie de la victime.
De nombreuses victimes de cyberharcèlement subissent un isolement social forcé, une recrudescence de la violence physique ou verbale envers eux, une peur des endroits fréquentés, une absence de confiance en soi ou l’incapacité à pouvoir se défendre seul. Certaines victimes en viennent à invisibiliser la violence de leur quotidien suite à une exposition sur le long terme, ne reconnaissant plus les signes d’une maltraitance ou d’un harcèlement.
Cette persistance rend le cyberharcèlement particulièrement dangereux, et presque impossible à remarquer du premier coup car il affecte la santé mentale et la vie quotidienne de la victime, notamment chez les jeunes.
Que faire en cas de cyberharcèlement ?
Les démarches à suivre
Si vous ou un membre de votre entourage êtes victime de cyberharcèlement, il est essentiel d’agir rapidement pour limiter les conséquences psychologiques et sociales. Le cyberharcèlement est un délit puni par la loi, et vous avez le droit de prendre des mesures pour vous protéger et obtenir justice.
Collecter des preuves
La première étape consiste à rassembler toutes les preuves possibles du cyberharcèlement. Cela peut inclure des captures d’écran de messages, d’images, ou de publications incriminantes, ainsi que des enregistrements vidéo ou audio. Conservez bien ces éléments, en prenant soin de les dater et d’indiquer les plateformes où ils ont été publiés. Vous pouvez également faire appel à un commissaire de justice pour constater officiellement les faits.
Demander la suppression du contenu illicite
Après avoir collecté les preuves, il est recommandé de demander la suppression des contenus incriminés. La plupart des réseaux sociaux et plateformes en ligne proposent des options pour signaler les contenus offensants. Vous pouvez signaler directement ces contenus aux administrateurs des plateformes ou au service de modération.
Si ces démarches ne fonctionnent pas, vous avez la possibilité de faire appel à la plateforme PHAROS, un service gouvernemental dédié à la lutte contre les contenus illégaux en ligne.
En cas de refus de suppression par la plateforme, vous pouvez également demander un déréférencement auprès des moteurs de recherche pour limiter la visibilité du contenu illicite.
Les sanctions encourues par les harceleurs
Le cyberharcèlement est un acte puni par la loi, et les auteurs de ces actes encourent des sanctions importantes. Selon la gravité des faits, les peines peuvent inclure des amendes pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros, ou des peines d’emprisonnement. Par exemple, une injure publique peut être punie d’une amende pouvant aller jusqu’à 12 000 €, tandis que la publication de contenus à caractère privé sans consentement peut entraîner un an de prison et 45 000 € d’amende.
A noter que si vous signalez un contenu comme étant illicite en sachant qu’il ne l’est pas, vous risquez une peine d’un an de prison et 15 000 € d’amende.
Comment se protéger du cyberharcèlement
Les réflexes à avoir
Pour se protéger efficacement contre le cyberharcèlement, il est important d’adopter des réflexes simples mais essentiels pour sécuriser son identité numérique. Voici quelques conseils à appliquer au quotidien :
- Paramétrer les comptes et profils : Prenez le temps de configurer vos paramètres de confidentialité pour contrôler qui peut accéder à vos informations personnelles, vos photos, et vos publications.
- Utiliser des mots de passe forts : Assurez-vous de créer des mots de passe complexes et uniques pour chaque compte en ligne. N’hésitez pas à activer la double authentification pour renforcer la sécurité de vos comptes.
- Limiter les informations personnelles partagées : Sur les réseaux sociaux, limitez la quantité d’informations personnelles publiées. Utiliser des pseudonymes peut être un bon moyen de rester anonyme sur internet.
- Éviter de réagir aux provocations : Face à des commentaires provocants ou insultants, abstenez-vous de répondre. Si nécessaire, bloquez l’utilisateur et signalez le contenu directement aux modérateurs de la plateforme.
- Être vigilant aux contenus partagés : Réfléchissez avant de publier des informations ou des photos. Tout contenu partagé en ligne peut être difficile à supprimer par la suite.
En appliquant ces bonnes pratiques, chacun peut limiter son exposition aux risques de cyberharcèlement. Se protéger passe également par une vigilance constante et une éducation aux comportements responsables sur internet, que l’on soit jeune ou adulte.