La plateforme française de santé Doctolib a dévoilé mardi deux assistants propulsés par l’IA, visant à la fois les professionnels de santé et les patients, dans une expansion majeure vers l’intelligence artificielle. L’« Assistant de consultation » de l’entreprise automatisera des tâches administratives telles que la transcription des échanges médecin-patient et la planification des rendez-vous, tandis qu’un autre outil destiné aux patients fournira des informations de santé personnalisées sans proposer de diagnostics ni d’ordonnances.
Le déploiement débutera par le lancement de l’assistant médical numérique d’ici fin 2024, une intégration complète de toutes les fonctionnalités étant prévue pour 2025, selon ActuIA. Ces outils constituent une offensive stratégique de la licorne française pour réduire les lourdeurs administratives qui accablent les systèmes de santé à travers l’Europe.
L’assistant destiné aux professionnels, testé par 350 médecins volontaires, propose une fonctionnalité de transcription en temps réel produisant des synthèses de consultation pour relecture par le praticien. Les médecins doivent valider ces synthèses générées par l’IA avant qu’elles n’intègrent le dossier médical officiel, a confirmé Doctolib. Le système comprend également un assistant de prise de rendez-vous intelligent fournissant des recommandations personnalisées en fonction de l’historique du patient et des rappels automatisés pour réduire les rendez-vous manqués.
Responsabilisation des patients sans diagnostic
Lors d’une interview sur France Inter le 28 octobre, le cofondateur Stanislas Niox-Chateau a décrit l’outil destiné aux patients comme « créé par les soignants et les chercheurs français » et fondé sur « des connaissances médicales françaises validées. » L’assistant répondra aux questions de santé et permettra le partage de données avec les soignants, mais Niox-Chateau a souligné qu’il fonctionne strictement « dans le respect des normes de sécurité françaises et européennes et dans le respect du parcours de soins, c’est-à-dire : ni diagnostic, ni prescription. »
La première version vise les parents et est développée en collaboration avec la Société Française de Pédiatrie et l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire. L’outil sera gratuit, marquant une expansion significative de l’offre de Doctolib au-delà de la prise de rendez-vous.
Stack technique et garanties de confidentialité
L’infrastructure IA de Doctolib associe des technologies propriétaires et des acquisitions stratégiques. L’entreprise a acquis en juin 2024 la société suisse de reconnaissance vocale IA Typeless et le spécialiste allemand des assistants téléphoniques Aaron.ai, selon Wazup-Intech. La plateforme s’appuie également sur Whisper d’OpenAI pour la transcription vocale et GPT-4o pour la synthèse de texte, rapporte heise online.
La gouvernance des données demeure au cœur du déploiement. Toutes les données de santé sont stockées sur des serveurs certifiés HDS au sein de l’Union européenne, avec des échanges de données chiffrés entre les postes des praticiens et les serveurs de Doctolib. Le consentement explicite du patient est requis avant toute assistance par IA pendant les consultations, et les conversations transcrites ne sont ni enregistrées ni stockées durablement, a confirmé ActuIA.
Cette stratégie à double assistant positionne Doctolib pour couvrir les deux versants de l’écosystème de santé, transformant potentiellement la manière dont 70 millions de patients européens interagissent avec leurs soignants tout en s’attaquant à la charge administrative qui absorbe une part significative du temps des médecins.



