La Conflict Intelligence Team utilise des données open-source pour suivre les mouvements des troupes russes basées à la frontière ukrainienne.
Il y a encore quelques années, le déploiement militaire qu’opère actuellement la Russie aux frontières de l’Ukraine serait resté top secret. Cependant, grâce aux données consultables sur Internet et les réseaux sociaux, c’est au grand jour que Vladimir Poutine a renforcé ses troupes dans la région depuis quelques semaines.
Des véhicules militaires suivis à la trace aux travers des données open-source
« Normalement, tous les trains qui circulent en Russie sont enregistrés dans une base de données centrale » explique Kirill Mikhailov, un membre du Conflict Intelligence Team interviewé par la chaîne américaine ABC. Le jeune homme de 33 ans explique que l’une des manières de traquer les déplacements militaires est de comparer la trajectoire d’un train, avec les images publiées sur les réseaux sociaux. Certains hashtags TikTok en russe regorgent de vidéos de trains transportant des véhicules militaires, comme des systèmes de lance-roquettes, des transporteurs de troupes et des chars. Les analystes du CIT les associent visuellement aux gares le long des itinéraires des trains.
Par leur marquage, ou leur couleur, les véhicules militaires peuvent parfois être reconnus comme faisant partie d’une formation militaire particulière. Si le post sur les réseaux sociaux est populaire, les analystes du CIT reconnaissent parfois des commentaires de proches des soldats d’une unité particulière. Cela leur permet de confirmer leurs hypothèses. Les images satellites, aujourd’hui consultables à moindre coût, grâce à des agences comme Maxar, permettent également de confirmer ces premières estimations.
A video reportedly from Bryansk oblast, Western Russia, shows a battalion of airborne troops vehicles (h/t @RALee85)https://t.co/usZtxElxjL
— CIT (en) (@CITeam_en) January 25, 2022
It also shows KamAZ-43501 trucks used by Russian airborne troops, as does another video, filmed in Belarushttps://t.co/M28HXdY0lG pic.twitter.com/eEQOG8U8Vc
Les données open-source intégrées dans les stratégies militaires
« Plus de raisons de se cacher » du point de vue militaire, explique Robert Abrams, spécialiste défense de la chaîne ABC. Cet ancien commandant de l’armée américaine qui a officié notamment en Corée affirme que les différents états-majors ont pris en compte la présence des smartphones, la puissance des réseaux sociaux et des images satellites accessibles au plus grand nombre.
« Sur le plan militaire, vous devez vraiment réfléchir à la façon dont vous allez protéger votre position », explique l’ancien commandant. « Il ne suffit pas simplement de regarder quel avion vole au-dessus de vous, mais aussi de la personne au coin de la rue avec son téléphone portable ».
Les Russes aussi ont bien compris les méthodes de la Conflict Intelligence Team. Depuis peu, il n’est plus possible de voir la liste des trains qui s’arrêtent en gare. La CIT s’est vu également limiter ses accès à la base de données centrale du système ferroviaire, et bien sûr, plus aucune trace des trains transportant du matériel militaire.