La startup parisienne Isentroniq a levé 7,5 M€ en financement pre-seed pour développer une technologie de câblage cryogénique devant permettre aux ordinateurs quantiques de monter à l’échelle jusqu’à 1 000 fois plus de qubits. Ce tour de table, mené par Heartcore Capital, aidera l’entreprise à industrialiser son système de câblage « near-heatless » conçu pour surmonter un goulot d’étranglement critique limitant les ordinateurs quantiques supraconducteurs actuels.
Le tour de table a également attiré la participation de OVNI Capital, Kima Ventures, IXCORE Group, Better Angle et EPSL VC, avec un soutien supplémentaire de Bpifrance et du programme France 2030, selon l’annonce de l’entreprise. Ces fonds accéléreront l’industrialisation de la technologie de la startup et soutiendront l’extension de l’équipe, avec des recrutements prévus pour 2026 à des postes d’ingénierie quantique, mécanique, radiofréquence et logicielle.
L’investissement répond à ce que les experts du secteur considèrent comme le défi d’ingénierie le plus urgent de l’informatique quantique. Alors que les géants de la tech et les startups se livrent une course pour construire des machines de 100 000 à 1 million de qubits, les méthodes de câblage traditionnelles se sont désormais imposées comme un obstacle critique. Chaque ligne de contrôle dans les systèmes actuels introduit de la chaleur dans l’environnement ultra-froid requis par les qubits supraconducteurs, saturant rapidement la capacité de refroidissement des réfrigérateurs à dilution, rapporte Tech.eu.
La solution d’Isentroniq s’articule autour d’une infrastructure de câblage « near-heatless » qui réduit considérablement à la fois la charge thermique et l’encombrement physique. Bien que ses spécificités techniques demeurent propriétaires, l’objectif affiché de l’entreprise — permettre une augmentation par 1 000 de la capacité en qubits — indique un système hautement intégré et multiplexé qui réduirait drastiquement le nombre de fils nécessaires par qubit.
La startup adopte un modèle fabless, se concentrant sur l’architecture et la conception tout en s’associant à des fabricants spécialisés, selon le blog d’Isentroniq. Cette approche vise à fournir ce que l’entreprise qualifie de solution de câblage « plug-and-play », permettant aux constructeurs d’ordinateurs quantiques de se focaliser sur le développement de processeurs plutôt que sur les défis de connectivité.
À plus long terme, Isentroniq envisage de gérer des machines à un million de qubits pour un coût cible d’environ 50 M€, rapporte TechFundingNews. De tels systèmes pourraient s’attaquer à des problèmes calculatoires en médecine, dans la découverte de médicaments, l’énergie et la logistique, qui demeurent insolubles même pour les superordinateurs classiques les plus puissants.
L’orientation de la startup vers les systèmes à qubits supraconducteurs — la modalité la plus limitée par les contraintes de câblage — la positionne en catalyseur potentiel pour l’ensemble de l’écosystème quantique. En transformant le câblage d’un goulot d’étranglement en ce que l’entreprise nomme un « accélérateur du scaling des systèmes quantiques », Isentroniq pourrait influencer significativement le calendrier de l’avènement de l’informatique quantique tolérante aux pannes.
