Alors que l’intelligence artificielle s’impose dans les usages quotidiens, une nouvelle étude du MIT Media Lab révèle les risques insidieux d’une dépendance excessive à des outils IA comme ChatGPT. Conduite sur plusieurs semaines avec des dizaines de participants, l’expérience dévoile un coût cognitif inquiétant : perte de mémoire, réduction de l’attention, appauvrissement de la réflexion… conclusion notre cerveau s’atrophie.
Plus l’outil est intelligent, moins le cerveau s’active
L’étude du MIT a évalué l’activité cérébrale de trois groupes de participants : ceux écrivant sans aide se basant uniquement sur leur mémoire, ceux utilisant Google pour sourcer leur écrit, et ceux rédigeant avec ChatGPT.
Les résultats montrent alors que plus le niveau d’assistance est élevé, plus l’activité neuronale décroît, notamment dans les zones responsables de la mémoire de travail, de la logique et de la concentration.
Les utilisateurs de ChatGPT montraient l’activité cérébrale la plus faible, en particulier dans les bandes alpha et bêta, essentielles à la mémoire et à la prise de décision. En d’autres termes, le cerveau « se repose » lorsque l’IA pense à notre place.
Plus inquiétant encore : lorsqu’on demandait aux participants de reformuler ou d’expliquer des passages de leur texte quelques minutes après l’avoir produit, les utilisateurs de ChatGPT étaient incapables d’en restituer le contenu, contre 11% seulement concernant le groupe ayant utilisé uniquement sa mémoire.

Une dette cognitive associée à l’utilisation de l’IA
Ce phénomène possède désormais un nom : la dette cognitive. Il ne s’agit pas seulement d’une fatigue mentale passagère, mais d’un affaiblissement structurel du traitement de l’information. Comme l’explique le MIT, à force de déléguer nos efforts mentaux à des LLM, notre cerveau devient passif, et perd l’habitude d’organiser, synthétiser, ou argumenter de manière autonome.
Les essais produits par les participants ayant utilisé ChatGPT étaient plus homogènes, moins originaux, souvent copiés-collés sans reformulation. Ce comportement, qualifié de « déchargement cognitif », produit une sensation de facilité immédiate, mais s’accompagne d’une perte de maîtrise intellectuelle. Certains participants reconnaissaient même ne pas se « reconnaître » dans leurs propres écrits.
Fait encore plus préoccupant : même après avoir cessé d’utiliser ChatGPT, leur activité cérébrale restait inférieure à celle du groupe mémoire.
Comment se prémunir de cette dépendance
Loin de condamner l’IA, les chercheurs insistent sur la nécessité d’un usage encadré et conscient. ChatGPT peut devenir un formidable assistant — mais pas un substitut à la pensée humaine.
Voici quelques pratiques recommandées pour limiter les effets négatifs :
- Écrire d’abord sans IA : entamez vos rédactions par vous-même, même à l’état de brouillon. Cela active la mémoire de travail et l’analyse critique.
- Utiliser l’IA pour affiner, non pour produire : corriger une syntaxe, enrichir un vocabulaire ou explorer des pistes secondaires, oui ; déléguer la totalité du raisonnement, non.
- Encourager l’effort cognitif : dans les environnements éducatifs, privilégiez des exercices personnalisés ou oraux, qui ne peuvent être automatisés sans perte de sens.
- Réapprendre à synthétiser : reformuler ce que l’on a lu ou entendu reste l’un des meilleurs moyens d’ancrer l’information.
En somme, il ne s’agit pas de bannir l’IA, mais de retrouver un équilibre sain entre efficacité technologique et entraînement intellectuel. Comme l’ascenseur nous évite les escaliers, ChatGPT peut court-circuiter nos circuits mentaux.
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Source : arxiv.org