Ce jeudi 12 octobre s’est déroulée, à l’hôtel Bedford, Paris 8, la 8e édition de la “Journée de la Transition Numérique”, un événement organisé par l’association professionnelle eFutura. À cette occasion, le thème abordé était “l’intelligence artificielle, de la révolution technologique jusqu’au remplacement de l’humain ?”. Retour sur les informations échangées lors de la première table ronde.
Depuis 2016, la Journée de la Transition Numérique est le rendez-vous annuel dédié à la révolution industrielle numérique. Organisées par l’association professionnelle eFutura, ces tables rondes et conférences réunissent différents chercheurs, acteurs et clients autour de l’actualité de la transition numérique.
Portant sur la révolution de l’intelligence artificielle, la première table ronde de cette édition 2023 “L’IA, une technologie aux applications illimitées” a permis de débattre des questions autour de la définition de l’IA – la place de l’Europe dans cette course à l’innovation – les solutions possibles pour une utilisation éthique.
Une définition incertaine de l’intelligence artificielle
Invitant cinq acteurs de la data à le rejoindre, l’animateur de cette conférence, Wladimir Taranoff, s’est interrogé sur les problèmes que rencontre l’intelligence artificielle. Entre le manque de confiance, la peur d’être remplacé et l’incompréhension généralisée de la population française et mondiale, qu’est-ce qui provoque ce sentiment de confusion ?
“La première erreur quand on parle d’intelligence artificielle c’est de parler d’IA au singulier, aujourd’hui il existe de multiples IA, bien différentes les unes des autres.” C’est pour Mick Levy, Directeur de l’innovation Business chez Business & Decision, l’une des principales erreurs aujourd’hui.
Une erreur qui interpelle les particuliers et les entreprises, c’est en tout cas ce que rapporte Patrick Bezombes, Président du comité de normalisation IA et Big Data à l’AFNOR, “Définir l’IA est extrêmement important pour les entreprises conceptrices de logiciels. Beaucoup se demandent, nos logiciels sont-ils considérés comme de l’IA ? Est-on soumis aux réglementations européennes ? Aujourd’hui, la définition de l’IA est reléguée à un terme fourre-tout, qui facilite et empoisonne en même temps sa compréhension.”
La redéfinition de l’intelligence artificielle serait alors un premier pas vers une meilleure appréhension de cette dernière, une définition simple et compréhensive “L’IA est globalement une imitation de l’intelligence humaine” selon les dires de Laurence Devillers, chercheuse universitaire chez CRNS Sorbonne.
Une peur de l'intelligence artificielle
Pour continuer dans cette réflexion sur l’insécurité autour de l’IA, M. Taranoff s’est penché sur le côté géopolitique de l’IA, que l’on présente souvent comme impartial et neutre.
“Tout d’abord il faut se rappeler que l’intelligence artificielle n’est qu’un outil, elle ne réfléchit ni ne se renseigne par elle-même, elle est influencée par les données qu’on lui donne pour s’entraîner et c’est ce qui entraîne sa fausse neutralité”. C’est ce qu’à déclaré Mick Levy, rejoint par ses compères. L’IA est donc influencée, donnant une réponse différente sur un même sujet selon le pays d’origine, mais peut-on pour autant se passer de sa puissance de calcul ? Pour Patrick Bezombes, la réponse est non. “L’IA est un énorme atout dans le prolongement de l’information et de l’économie, ne pas l’incorporer à son gouvernement ou son entreprise est un risque énorme pour la continuité et l’évolution de son projet.”
L’intelligence artificielle est donc un atout primordial pour les organisations, mais son importance grandissante effraie les employés, qui s’imaginent déjà être remplacés par une machine, capable de travailler sans interruption. À ce sujet, Goldman Sachs avait mis un coup dans la fourmilière, prédisant que 300 millions d’emplois viendraient à disparaître d’ici 2030, remplacés par l’IA. “Il y a un impact réel de l’IA sur nos façons de travailler, mais rien ne justifie d’un remplacement d’emplois massif comme l’annonce Goldman Sachs. Il faut aussi s’attendre à un remaniement des compétences, à des formations aux technologies de data science et à la création de nouveaux emplois ou de nouveaux postes.”, selon Mick Lety. Pour autant, les grandes entreprises ne doivent pas se priver de leur main-d’œuvre “Ce qui est dangereux pour l’humain, c’est que les entreprises surestiment les capacités de l’IA et se séparent de nombreux talents ou personnels compétents au détriment d’un logiciel surhumain.” Annonce Laurence Devillers.
L’Europe sur la bonne voie
Outre ce sentiment d’incompréhension et cette inquiétude sur l’emploi, l’idée de la place de l’Europe dans la course à l’innovation fut également abordée.
Pour Laurence Devillers “l’Europe est sur la bonne voie”, malgré des réglementations plus présentes et sévères que les autres continents comme la Chine ou les États-Unis, considérés comme les piliers de l’innovation. “Les populations en Chine ou aux États-Unis veulent des réglementations, elles veulent protéger leurs données et leurs vies privées”, relance-t-elle.
Mais ce qui manque en Europe, ce ne sont pas les normes, les lois ou les réglementations, il y a un problème de stratégie budgétaire. “En Europe, on ne mise pas assez sur la tech et son développement.” Affirme Mick Levy, “Quand le ministre de la transition numérique Jean-Noël Barrot se réjouit d’une levée de fonds de 2 milliards d’euros pour une startup, on ne peut pas en être fier.” Et il y a de quoi s’interroger, quand on voit les financements américains et chinois qui s’élèvent à 30 milliards et 38 milliards de dollars, on est en droit de se demander, qu’attend l’Europe ? Patrick Bezombes estime que “l’Europe choisit l’humain au centre du débat plutôt que l’innovation.” Un cheminement plus lent qui cherche à faire adopter l’IA à l’Homme et pas l’inverse.
La formation en Europe doit devenir un sujet primordial selon nos invités. “Les populations doivent s’approprier les IA génératives comme ChatGPT, elles doivent s’y essayer et les maîtriser, par la formation ou l’apprentissage en continu.” Affirme Camilo Rodriguez, fondateur de The Machine Learning Lab. Un avis rejoint par ses pairs, “Monter en compétences en data science sera obligatoire dans les années à venir, les employés doivent apprendre à faire la différence entre les bonnes et les mauvaises données.” Prononce Laurence Devillers.
Cette première table ronde se conclura sur l’idée que l’intelligence artificielle n’est pas une menace, mais une opportunité qu’il faut saisir. Si cet article vous a plu et que l’actualité data vous intéresse ou que vous envisagez une formation en Data Science, n’hésitez pas à découvrir nos articles ou nos offres de formations sur DataScientest.
Revoir l’intégralité de l’événement :