Il est le premier à avoir prononcé l’expression « intelligence artificielle » dans une proposition rédigée le 31 août 1955. Et aussi le premier à avoir exposé une voie pour son développement. John McCarthy a été à l’initiative de nombreux projets dans le jeu d’échecs comme la robotique. Qui était ce pionnier de l’IA ?
John McCarthy (1927 – 2011) a souvent été désigné comme l’un des « pères de l’intelligence artificielle », non seulement parce qu’il a inventé le terme, mais aussi parce qu’il a ouvert de nombreuses pistes de recherche qui influencent encore les technologies contemporaines.
Simuler la pensée humain
À la suite d’une scolarité à Boston, John McCarthy a effectué ses études de mathématiques à Caltech. Un jour de l’automne 1948, alors qu’il est en fin d’études, il assiste à une conférence, le Symposium Hixon, où l’on compare les mécanismes mentaux à ceux de l’ordinateur. De là lui vient l’idée de servir d’ordinateurs pour simuler un comportement intelligent. McCarthy se met alors à rêver de machines capables de simuler la pensée humaine.
McCarthy poursuit ses études à Princeton et il y rencontre John von Neumann, un pionnier de l’informatique – il a contribué à élaborer l’architecture de l’ordinateur EDVAC. McCarthy ne se contente pas d’assister à des cours : il participe activement à des débats sur les applications concrètes de la logique et des mathématiques. C’est ainsi qu’il développe la vision de programmes qui seraient en mesure d’appréhender des concepts du monde réel.
La conférence de Dartmouth et les débuts de l'intelligence artificielle
Une fois son doctorat en poche, McCarthy entre comme professeur à Stanford (Californie), puis au Dartmouth College au nord-est des USA. En 1955, IBM crée New England Computation Center, au MIT de Boston et McCarthy en devient l’un des responsables. C’est à cette occasion qu’il invente le terme « intelligence artificielle ».
Il reste à stimuler la réflexion autour de cette discipline en devenir. Durant l’été 1956, McCarthy et un autre compère diplômé de Princeton, Marvin Minsky, organisent une conférence autour de l’intelligence artificielle. L’objectif est d’explorer l’idée que « chaque aspect de l’apprentissage ou de l’intelligence puisse être décrit avec une précision telle qu’une machine puisse être conçue pour le simuler ». La Fondation Rockefeller finance en partie l’événement. Des invitations sont envoyées à une vingtaine de chercheurs.
La conférence de Dartmouth est souvent considérée comme le point de départ de la recherche en IA. Elle a permis de poser les bases du domaine en différenciant l’intelligence artificielle de la simple automatisation. L’ensemble a été publié dans un livre pionnier intitulé Theory of Automata devenu une référence incontournable dans l’histoire de l’informatique.
La création du langage LISP
La présence de McCarthy au MIT lui a permis d’apprendre la programmation. Il entreprend alors d’écrire un programme d’échecs en langage FORTRAN. Il est aidé dans cette tâche par divers étudiants du MIT.
Toutefois, McCarthy réalise bientôt que le FORTRAN n’est pas idéal pour traiter de tâches d’IA et donc, à l’automne 1958, il décide de créer un nouveau langage de programmation adapté aux expressions symboliques : le LISP.
LISP va devenir le langage de prédilection pour les programmes d’IA, et sera utilisé pendant des décennies.
Cette même année, McCarthy écrit un article qui va faire date autour de l’usage de la logique mathématique : « Programs with Common Sense ». Pourtant, il devra faire face à maints obstacles, notamment les limitations technologiques de son époque. Les idées formulées dans « Programs with Common Sense » vont se révéler extrêmement complexes à mettre en œuvre.
Le laboratoire d’IA de Stanford
Au printemps 1962, alors qu’il a été promu professeur associé au MIT, John McCarthy se voit proposer d’entrer comme professeur titulaire à Stanford en Californie et il finit par accepter l’offre.
Assez vite, le département de Stanford devient le deuxième centre de recherche informatique des USA. En 1965, il obtient de la part du DARPA (la recherche militaire américaine) le financement pour un PDP-6 de DEC, un ordinateur qui va permettre la création du laboratoire d’IA de Stanford. Ces recherches contribuent à définir les limites de ce qui serait réalisable en IA, avec des projets en reconnaissance faciale, reconnaissance vocale, manipulation mécanique, etc.
McCarthy en vient également à penser qu’il faudrait œuvrer sur des bras robotisés. Il est aidé en la matière par Victor Scheinman, un étudiant diplômé de Stanford, un génie de la conception mécanique, qui conçoit plusieurs bras robotisés.
Une vision éthique de l’IA
Le travail de McCarthy a permis de tracer les contours de la recherche en IA. La plupart de ses théories ne se sont pas concrétisées de son vivant, mais les récentes avancées en deep learning ont montré qu’il avait été un véritable visionnaire. Par ailleurs, McCarthy a entretenu une vision collaborative de la recherche et a donc encouragé ses pairs à travailler ensemble. Enfin, John McCarthy était convaincu que l’IA devait être développée dans le sens d’un bénéfice pour l’humanité.