Lundi dernier, une fuite inattendue a révélé Sora, le générateur de vidéos d’OpenAI, au grand jour. Ce modèle d’intelligence artificielle, encore en phase de test, permet de créer des vidéos courtes à partir de descriptions textuelles simples. Cependant, ce ne sont pas ses capacités techniques qui font les gros titres, mais bien la manière dont cette fuite expose des tensions profondes entre les artistes impliqués dans le programme de bêta-test et la stratégie d’OpenAI.
Une fuite orchestrée pour dénoncer OpenAI
Lors de sa première apparition, Sora avait fait réagir par sa capacité à générer des vidéos de 10 secondes en 1080p à partir de simples descriptions textuelles, positionnant l’outil comme une révolution potentielle dans la création de contenu visuel. Ce générateur s’appuie sur des millions d’heures de clips haute qualité pour améliorer ses performances. OpenAI a également développé une version « turbo », qui réduit significativement le temps de génération par rapport à la version initiale, souvent critiquée pour sa lenteur et ses problèmes de cohérence.
Cependant, derrière cette prouesse technologique se cache une gestion du programme d’accès anticipé qui suscite la colère des créatifs. Ces derniers, surnommés « Sora PR Puppets », dénoncent une exploitation déguisée. Selon eux, OpenAI leur aurait imposé des tâches intensives de test et de retour d’expérience en échange de compensations dérisoires, comme un bon de réduction de 150 dollars. Un traitement jugé disproportionné face à la valorisation de 150 milliards de dollars de l’entreprise.
En plus de ce manque de considération, une autre polémique, toujours soulevée par les artistes, vient faire s’interroger les communautés sur les pratiques d’OpenAI en termes de transparence et de collaboration. Chaque vidéo produite par Sora devait être validée par l’entreprise avant diffusion. Les artistes pointent également du doigt une volonté de « controler le narratif » autour de Sora, transformant ce qui aurait pu être un projet collaboratif en une opération de marketing déguisée.
Excédés, ces artistes ont alors décidé de rendre Sora accessible au public via un frontend hébergé sur la plateforme Hugging Face. Grâce à leurs jetons d’authentification, ils ont permis à tout internaute de tester l’outil, générant ainsi une vague de vidéos marquées par le filigrane distinctif d’OpenAI. La réponse de l’entreprise ne s’est pas fait attendre : après seulement trois heures, l’accès à Sora a été coupé pour tous les participants au programme.
Une concurrence qui ne reste pas en retrait
Alors qu’OpenAI fait face à cette crise, ses concurrents, eux, progressent rapidement. Runway, par exemple, s’est associé à Lionsgate pour exploiter leur catalogue de films, tandis que Stability AI a recruté James Cameron, réalisateur d’ »Avatar », pour renforcer son expertise.
OpenAI, de son côté, tente de minimiser l’impact de cette fuite, affirmant que la participation au programme d’accès anticipé est volontaire et que des compensations, comme des subventions ou des événements, continueront à être proposées aux artistes. Pourtant, cette controverse montre bien une tension plus profonde entre innovation technologique et respect des créateurs.