La région Centre-Val de Loire a lancé un plan ambitieux pour devenir un acteur majeur de la course mondiale aux technologies quantiques, dévoilant une stratégie globale articulée autour du consortium Quant4CVL nouvellement créé. L’initiative, mise en place en 2023 et soutenue par le plan d’investissement national France 2030, vise à développer une expertise quantique locale via un nouveau programme de Master à l’Université de Tours et l’incubateur deeptech Da Vinci Labs, afin d’éviter que les talents ne migrent vers des pôles technologiques déjà établis.
Selon La Tribune, la stratégie repose sur trois piliers interconnectés destinés à créer, à partir de zéro, un écosystème autosuffisant. Au-delà de la structuration de l’écosystème via le consortium, la région met en place un pipeline de talents complet grâce à son Cursus Master en Ingénierie (CMI) en technologies quantiques — l’un d’une vingtaine seulement au niveau national. Pour amplifier cet élan éducatif, les organisateurs ont programmé « Tours Quantique 2025 » en novembre, un événement de trois jours destiné à mobiliser les étudiants, les entreprises et le grand public, a annoncé l’Université de Tours.
Le site de 400 mètres carrés de Da Vinci Labs en Touraine constitue la passerelle vers le marché pour l’initiative, en fournissant des infrastructures critiques aux jeunes pousses des technologies quantiques, de l’intelligence artificielle et de la biologie synthétique, selon Dev’up Centre-Val de Loire. L’incubateur a déjà attiré le soutien de personnalités de premier plan, dont le lauréat du prix Nobel Alain Aspect, ainsi que de dirigeants de grandes entreprises quantiques comme Quantonation, Pasqal et Qubit Pharmaceuticals.
La course contre la fuite des cerveaux
L’initiative naît d’une réalité brutale : sans intervention, la région risque de perdre ses meilleurs talents en quantique au profit des deux pôles dominants de France, Paris-Saclay et Grenoble, rapporte La Tribune. Ces écosystèmes bien établis disposent de fortes concentrations de laboratoires de rang mondial, de grandes entreprises et de startups florissantes qui attirent naturellement diplômés et chercheurs.
La vice-présidente Anne Besnier de la Région Centre-Val de Loire fait office de porte-parole clé de l’initiative, qui bénéficie du soutien de l’État et de la Banque des Territoires, selon plusieurs sources. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique) s’est associé en tant que partenaire de recherche essentiel, apportant une crédibilité scientifique aux programmes académiques.
La sélection du consortium comme lauréat de l’appel à projets « France 2030 Ingénierie et formations professionnelles » lui apporte à la fois un soutien financier et une validation stratégique, a rapporté la Caisse des Dépôts. Cette reconnaissance au niveau national garantit que la stratégie régionale s’aligne sur les ambitions quantiques plus larges de la France.
Le succès dépendra in fine de la transformation du vivier de talents croissant en une masse critique de startups et de partenariats industriels. La région doit encore préciser ses priorités en matière de technologies quantiques — qu’il s’agisse de se concentrer sur le calcul, la détection ou les communications — et détailler les plans d’infrastructures de recherche mutualisées. Si les allocations budgétaires et les projections économiques restent à préciser, l’approche coordonnée témoigne de la détermination du Centre-Val de Loire à revendiquer sa part de l’avenir quantique de la France.
