Alors que les français avaient peu à peu retrouvé une vie normale, la menace d’une nouvelle vague et d’un retour au confinement pèse à nouveau sur la population. Conscients que la lutte contre le Covid-19 est loin d’être finie, les états et l’ensemble des principaux acteurs sont toujours sur le pied de guerre et réfléchissent à des solutions innovantes en utilisant les outils mis à leur disposition pour enrayer cette crise mondiale. L’Intelligence Artificielle et le traitement automatisé de millions de données font partie de ces outils que ses acteurs mobilisent dans leur lutte contre le virus. Découvrons quelques unes de ces applications d’intelligence artificielle mises en place depuis le début de la crise du COVID-19.
Une des premières applications de l’Intelligence Artificielle dans cette guerre contre le covid-19, est l’assistance aux chercheurs afin de concevoir un vaccin, qui pourrait protéger les soignants ,dans un premier temps, et d’endiguer la pandémie. La biomédecine et la recherche s’appuient sur de très nombreuses techniques, parmi lesquelles les diverses applications des sciences des données qui ont déjà prouvés leur utilité auprès du corps de recherche médical.
L’emploi de l’Intelligence Artificielle et d’une exploitation efficiente de l’ensemble des ressources mises à dispositions pour lutter contre la pandémie est primordial, de très nombreuses initiatives ont d’ailleurs été mises en place au niveau mondial.
Par exemple, la Société nord-américaine de radiologie (RSNA) a lancé un projet de dépôt de données d’imagerie sur le Covid-19 , dans le but d’élaborer ensuite des algorithmes de machine learning qui permettront de détecter la pathologie et de quantifier l’atteinte pulmonaire des patients.
Dans un autre contexte que le médical, l’usage de l’Intelligence Artificielle est aussi envisagé pour gérer d’autres domaines impactés par la crise. Elle est par exemple utilisée par YouTube dans la modération des vidéos publiées sur sa plateforme. L’entreprise américaine a en effet annoncé devoir recourir plus largement à l’Intelligence Artificielle pour filtrer les vidéos publiées, selon leur contenu, afin de palier à la diminution des effectifs de ses équipes en charge habituellement de cette mission.
Aux États-Unis, le Bureau des politiques scientifiques et technologiques de la Maison Blanche a rencontré le 11 mars 2020 les entreprises technologiques et les grands groupes de recherche afin de déterminer comment l’Intelligence Artificielle pourrait être utilisée, et tout particulièrement pour passer au crible les milliers d’articles de recherche publiés dans le monde sur la pandémie. Dès les premières semaines qui ont suivi l’apparition du Covid-19 à Wuhan, le nombre de publications scientifiques a littéralement explosé.
Plus de 2 000 articles de recherche ont été publiés sur les effets de ce nouveau virus, sur les traitements possibles et sur la dynamique de la pandémie.
Cette affluence de littérature scientifique démontre l’engagement des chercheurs à endiguer cette crise sanitaire, mais représente également un réel défi pour toute personne qui espère en exploiter la substance. L’Intelligence Artificielle pourrait solutionner rapidement ce problème et permettre d’exploiter de manière efficace le travail de milliers de chercheurs.
Plus proche de chez nous, en France , la région Ile de France et ADP ont également lancés un « Appel à projets de solutions innovantes pour lutter contre le COVID-19 ». A titre d’exemple de ces solutions innovantes citons le collectif d’entrepreneurs Covitwo, qui associe notamment la startup RCup spécialiste de l’intelligence artificielle appliquée à la sécurité au travail et Atos leader de la transformation digitale.
Nous avons rencontré Frédéric Lassara, initiateur de ce projet, qui nous a détaillé les tenants et les aboutissants de ce projet.
En quoi consiste votre projet ?
« Ce projet consiste à développer un terminal capable de repérer à distance les gens qui ne portent pas de masque, sa caméra thermique prendrait la température corporelle et enfin un système audio permettrait de détecter à distance les toux caractéristiques du Covid-19. Covitwo conservera les toux, les visages et les températures sur une mémoire locale, (génération du edge computing) et seules les informations statistiques et anonymes seront analysées. »
Concrètement, ce terminal ,sous la forme d’une tablette, capable de fonctionner à six mètres de distance et d’évaluer une personne en quelques secondes, pourrait équiper des portillons automatiques de gares, ou d’aéroports, être placé à l’entrée des hôpitaux, entreprises, magasins, ascenseurs ou être à la disposition d’agent de sécurité.
Afin que le modèle de Deep Learning conçu par les équipes de CoviTwo puisse être efficace, il faut qu’il soit correctement entraîné et donc avoir à sa disposition un nombre conséquent d’exemples pour parfaire le modèle.
Afin de récolter le maximum de données nécessaire à l’apprentissage du modèle, CovidTwo a lancé un appel aux volontaires pour constituer une base de données de toux et de mots-clés utiles à la lutte contre le Covid-19. Covitwo s’appuie sur le fait que la coqueluche et la pneumonie présentent des signatures sonores particulières, cela pourrait être aussi le cas du Covid-19.
Afin d’avoir une réponse à cette question, l’équipe a mis en ligne un système d’enregistrement de toux complété par des mots-clés, facilement réalisable depuis chez soi en 5 minutes.Vous pourrez répondre à 6 questions, dont 1 pour savoir si vous avez été diagnostiqué porteur ou non du Covid .
Depuis son appel au volontariat Frédéric nous a confirmé que la base de données continuaient de se remplir chaque jour
« Nous ne sommes pas encore aux 200.000 volontaires pour constituer une base de données qui permettra de déterminer s’il existe une signature de la toux du coronavirus. Mais nous avons déjà récoltés de nombreuses données depuis le lancement ce qui nous permet d’avancer et de vérifier si notre intuition est bonne . »
Si vous désirez contribué à ce projet et apporter votre toux à l’édifice, n’hésitez pas à aller « tousser » sur leur site , et petit conseil : soyez dans un environnement calme pour effectuer cette petite prise de voix 🙂
Toujours en France, une initiative bénévole initiée par le Professeur Alexandre Mignon, anesthésiste-réanimateur à l’Hôpital Cochin de Paris. CovidIA, propose d’inventer un modèle de déconfinement qui combine Intelligence Artificielle, données médicales, données de géolocalisation avec des tests virologiques et/ou sérologiques. Cette initiative réunit deux types d’experts, dans le domaine médical d’une part et d’un autre corps d’expert mais cette fois dans le traitement de données et en Intelligence Artificielle. Grâce à ces données CovidIA pourrait alimenter et entraîner des algorithmes de machine learning qui, itération après itération, parviendraient à créer des modèles stables et performants.
Ces modèles expliqueraient deux choses : comment la pandémie s’est propagée et comment elle évoluera en fonction des plans de déconfinement. En enrichissant les modèles créés par les algorithmes de machine learning avec des informations de très haute qualité, directement fournies par les citoyens de manière volontaire, via une application mobile, CovidIA pourrait réaliser des prédictions encore plus fines.
Autre application de l’Intelligence Artificielle, à Cannes, qui n’a pas attendu le déconfinement pour mener une expérimentation en ce sens : les marchés de la ville sont équipés, depuis le 23 avril, de caméras intelligentes capables de détecter les masques et leur absence.
La technologie a été développée par Datakalab, une start-up française spécialisée dans l’analyse de l’image par ordinateur.
Aux Etats-Unis, un autre dispositif d’analyse vidéo de l’espace public a été développé par la start-up Landing AI. Le but de cette analyse, le respect de la distanciation sociale, comme le montre une vidéo de démonstration de son détecteur de distanciation sociale testé dans le centre-ville d’Oxford. Les rapprochements de moins de 1,80 m sont automatiquement repérés.
La start-up a affirmé « assurer la sécurité » des passants, et souligne que l’outil qui « ne reconnaît pas les individus » doit être utilisé avec « transparence, et seulement avec le consentement des personnes ».
Une autre application de l’Intelligence Artificielle est actuellement en cours de test mais cette fois à Singapour, depuis le 8 mai 2020, Spot est déployé « sur un tronçon de 3 km dans la section River Plains du parc Bishan-Ang Mo Kio et pendant deux semaines durant les heures creuse, Spot, célèbre robot de l’entreprise américaine Boston Dynamics, déambule pour faire respecter les mesures de distanciation sociale (Pour les connaisseurs, il y a un comme un air de Black Mirror dans ce chien !) Sur son site l’Agence gouvernementale de technologie de Singapour explique que Spot est équipé de caméras qui lui permettent d’estimer le nombre de personnes présentes dans le parc et de d’effectuer un rappel à l’ordre vocal pour les personnes ne respectant pas les règles de distanciation sociales. Ces caméras ne pourront pas suivre et/ou identifier des individus, et aucune donnée personnelle ne sera collectée », précise le gouvernement dans un communiqué.
La crise sanitaire, a donc eu un impact retentissant sur la perception du public sur les diverses applications possibles de l’Intelligence Artificielle dans la lutte contre le covid-19. La situation actuelle que nous vivons et l’impact économique et social qu’elle a sur notre société nous oblige à penser et à envisager de nouvelles solutions. Les idées sont là, le nombre de projet explose , les géants de la tech vont devoir maintenant utiliser l’Intelligence Artificielle à bon escient afin de gérer cette crise. Les besoins de recrutement en Data Analyst, Data Scientist et de Data Engineer vont certainement connaître encore une forte croissance dans les semaines et mois à venir.