Peut-on créer des applications fonctionnelles si l’on ne maîtrise pas de langage de programmation ? Telle est la perspective ouverte par les services de no-code : placer la réalisation d’apps à la portée de tous. Une pratique qui n’a de sens que si elle est supervisée par la Direction des Services Informatiques…
La demande en applications est fortement supérieure à la capacité des structures de développement informatique. Une analyse d’IDC a estimé que plus de 500 millions de nouvelles applications logicielles allaient apparaître entre 2018 et 2023, soit autant qu’au cours des 4 décennies précédentes. En conséquence les DSI (Direction de Service Informatique) se retrouvent submergés de requêtes auxquelles ils ne peuvent répondre. Dans le même temps, la pénurie de développeurs est patente et elle pourrait empirer dans les prochaines années : la part de la population qui est en mesure de coder n’est que de 0,3%.
Le spectre du shadow IT
Faute d’obtenir satisfaction, certains membres des équipes business, frustrés, en viennent à créer eux-mêmes les applications dont ils estiment avoir besoin. Il se servent d’outils comme WordPress, Excel, Google Forms ou autre. Cette pratique est surnommée le “shadow IT”. Le risque existe de voir apparaître des fichiers qui échappent à la DSI, des doublons, la multiplication d’informations disparates et non coordonnées.
Les solution no-code et low-code
Les plates-formes de no-code ou de low-code apportent une solution à cette question. Comme leurs noms l’indiquent, ces technologies amènent à concevoir des applications sans programmation ou bien avec le moins de programmation possible. Ces approches reposent sur des interfaces graphiques simples d’usage. Il en résulte un développement d’applications en un temps réduit, mais avec une possibilité d’intégration aux fichiers centraux de l’entreprise.
Différencier le low-code du no-code
Il est courant de penser que les plateformes low-code et no-code sont plus ou moins la même chose. Certains éditeurs les mentionnent d’ailleurs sous un même acronyme : LCNC. Pourtant, Les plateformes low-code et no-code sont distinctes.
No-code
Le no-code s’adresse aux personnes n’ayant aucune connaissance de la logique informatique. Contrairement à la programmation traditionnelle qui nécessite une pratique approfondie de langages comme le C ou le Javascript, mais aussi de certaines structures logiques, le no-code est ouvert à virtuellement n’importe qui.
À partir d’un moment où quelqu’un a l’idée d’une application, il devient possible de la réaliser en passant par le biais d’interfaces de programmation visuelle intuitives. L’utilisateur est invité à assembler des composants sur son écran – par glisser-déposer – et à leur associer des fonctionnalités. Il va pouvoir concevoir, tester et déployer l’application souhaitée sans avoir à se préoccuper de programmation. Une saisie de formulaire simple pourrait être réalisée avec un outil « no-code ».
Low-code
Le low-code, en revanche, implique de comprendre la logique informatique:
- tests de valeurs : une année de naissance ne saurait être supérieure à l’année en cours.
- test de conditions,
- « boucles » ou actions répétitives ;
- etc.
Gains de productivité
Quelques outils majeurs no-code
Parmi les principaux outils no-code figurent les suivants.
- Webflow amène à concevoir un site Web pas à pas, en suivant des guides visuels.
- Adalo et Bravo Studio proposent un même type de parcours pour la création d’une application pour mobile.
- Avec Stacker, il est possible de produire des applications exploitant des bases de données existantes.
- Zapier aide à l’automatisation de tâches répétitives avec la possibilité d’établir des « workflows » : la sortie d’une application est transmise à une autre.
- Bubble.io amène à créer des applications Web de niveau élevé et revendique une base d’utilisateurs dépassant les 2 millions,
- Notion aide à établir un espace de travail collaboratif dans lequel il est possible de centraliser des notes, projets et dashboards relatifs à une activité.
Les employés s’ouvrent à une nouvelle compétence
Le no-code n’élimine pas le besoin d’expertise. Habituellement, une formation, ne serait-ce que minimale reste nécessaire si l’on veut pleinement exploiter des outils comme Webflow ou Stacker. De ce fait, il n’est pas rare de voir un employé aborder une plateforme no-code, et prendre goût au développement. Il en vient alors à essayer des outils low-code, et peu à peu, il peut en venir à apprendre un langage de programmation comme Python.
Les limites du no-code
La plupart des développeurs sont hostiles au no-code. Ils redoutent de voir apparaître des solutions peu sécurisées et limitées. Il est vrai que le no-code a ses limitations. Certaines fonctionnalités avancées peuvent être complexes, voire impossibles à implémenter. De plus, les applications no-code, étant par nature peu optimisées, sont souvent mal adaptées à un usage par un grand nombre d’utilisateurs. Par ailleurs, faute d’un encadrement actif par la DSI, le risque existe de voir apparaître des applications redondantes ou inefficaces ou bien encore des données ne respectant pas des règles strictes. Dès lors que cette supervision est en place, les DSI en perçoivent généralement l’intérêt et les avantages.
Le no-code a le vent en poupe
Un grand nombre d’entreprises, trouvent dans le no-code une solution agile pour évoluer rapidement et de façon efficace. La pratique du no-code a notamment connu une forte progression au moment de la pandémie.
Le marché mondial des plateformes no-code et low-code était estimé à 16 milliards de dollars en 2021 et devrait atteindre 150 milliards d’ici 2030 selon le SFPN (Syndicat Français des Professionnels du no-code). Une analyse de Gartner estime que 70 % des nouvelles applications développées par les entreprises en 2025 s’appuient des technologies low-code ou no-code – contre moins de 25 % en 2020.
Il se trouve aussi que l’entreprise y trouve un intérêt financier : mettre au point une application de manière classique coûte énormément plus cher qu’une application réalisée à partir de low-code ou de no-code. Un rapport de AppMySite datant d’octobre 2022, évalue à 300 000 € le coût annuel d’une application « classique », alors qu’il ne serait que 5 000 € en low-code et de 1 000 € en no-code.